Les français ont vécu une parenthèse enchantée cet été durant les JO et ont également honoré les Jeux Paralympiques comme jamais cela n’avait été fait auparavant. Ces jeux ont plongé les français dans le bonheur (ronronnant au rythme des « Alerte médaille ! » de notre Grizou national), les ont marqués par l’originalité des lieux de compétition mettant en lumière le patrimoine français et dévoilant des talents extraordinaires.
La presse étrangère n’a pas manqué de souligner l’étrange sensation de ces français, surpris de se sentir heureux par cette ferveur collective. Nos athlètes nous ont comblé par leurs performances et de nouveaux talents ont brillé. Les succès sportifs ont généralement pour conséquence d’augmenter le nombre de licenciés dans les fédérations sportives où nos sportifs en herbe rêvent à leur tour de médiales, il est trop tôt pour faire un bilan.
Si nos enfants ont vibré en regardant les exploits de leurs champions, de nouvelles vocations sont nées dans les brasses de Léon Marchand et les revers des frères Lebrun, et il n’aura pas échappé à chacun, que nous parents ne pouvons pas nous empêcher de regarder nos chers petits avec des médailles plein les yeux. Une carrière sportive est relativement courte et réussir sa carrière sportive passe non seulement par les exploits mais également dans la construction et la préservation de son patrimoine.
" La première problématique à résoudre est de constituer, en un laps de temps très court, un patrimoine financier et immobilier pour que le sportif professionnel entame sa deuxième vie professionnelle confortablement. C’est là qu’intervient le conseiller en gestion de patrimoine, dont compétences devront prendre en compte les caractères spécifiques du sportif : carrière courte, nature et origine des gains (fiscalité), risque d’arrêt brutal des ressources et la psychologie sportive."
Opportunité d’ascension sociale
Qui n’a pas rêvé, au bord d’un stade, que sa progéniture soit détectée ? Au-delà de la fierté d’imaginer que l’on a engendré un champion, nous projetons la sécurité financière que le succès est supposé apporter. Après tout, si sa passion lui permet d’en vivre et de lui assurer un substantiel confort matériel, pourquoi pas ? Dans le sport professionnel, l’essentiel n’est pas de participer mais bien de gagner. Gagner est synonyme de trophée et de gains, la graine de champion devient une opportunité financière et un véritable ascenseur social.
Avant d’arriver sur podium de la gloire, les poches pleines, nous avons bien en tête que les talents sont détectés très jeunes et que c’est force d’entraînement, d’acharnement et de technicité que la récompense deviendra atteignable. Pour cela, bien souvent, les parents mettront tous les moyens en œuvre, n’hésitant pas à impliquer tout le foyer tant dans l’investissement du temps à allouer que sur l’aspect financier et ce, sur la durée.
Si effectivement, votre petit a un vrai potentiel, il est fort à parier qu’il soit pris en charge par un club et qu’il bénéficie très tôt de sponsor tel un Kylian Mbappé mature et précoce. Dans ces cas vraiment exceptionnels, le jeune prodige bénéficiera très tôt de toute une structure pour l’accompagner dans le développement de ses compétences sportives, l’inclure dans un parcours d’études, avec un arsenal médical, nutritionnel, psychologique, médiatique… et également pour l’aider à développer sa culture financière et lui attribuer un conseiller en gestion de patrimoine. Néanmoins, ce parcours idéal avec un accompagnement 360° sur-mesure reste très exceptionnel. La majorité les parents doit prendre en charge le développement de la carrière sportive du jeune potentiel, cherchant quelque supports auprès de l’entourage familial, de fédération/association sportives et de sponsors, en plus de la rassurance qu’effectivement le potentiel existe en lui.
" Néanmoins ce choix de le pousser vers la culture de la « gagne » mobilisera toute l’attention du foyer, impliquera des sacrifices et la petite musique du retour sur investissement se fera retentir."
Le questionnement des parents
Faut-il pousser son enfant vers la voie sportive en fermant la voie vers le cursus classique des études ? Est-ce un passade ou une vrai vocation ? Ne projetons-nous pas sur notre progéniture nos rêves d’enfant, nos frustrations ? Et s’il ne perce pas, quelle est la solution de repli ? Peut-on vivre de son sport ? L’exigence de la performance, les douleurs physiques, risques de blessures n’effaceront-t-elles pas l’innocence à laquelle a droit un enfant pour son développement personnel ? Sommes-nous capables de le porter dans l’euphorie de ses exploits et l’anéantissement de ses défaites ? Va-t-il perdre la tendresse du foyer avec l’éloignement induit par les compétitions ? Quand-est-il des sacrifices à porter par tout le foyer ? Est-ce-que cela n’affectera pas les chances de réussite dans les études de ses frères ou sœurs ? Comment l’accompagner tout en préservant pour soi-même une vie de couple, l’éducation parentale et poursuivre une activité professionnelle ?
D’autres questions apparaitront selon sa discipline sportive et selon l’avancée de ses succès. Néanmoins ce choix de le pousser vers la culture de la « gagne » mobilisera toute l’attention du foyer, impliquera des sacrifices et la petite musique du retour sur investissement se fera retentir.
On pourra relever que de grands sportifs sont issus de famille de sportifs, sans vouloir en tirer de conclusions, néanmoins le contexte familial investi dans la mission sportive est un facteur favorable à l’équilibre du foyer et à la transformation de l’athlète en champion :
Kylian Mbappé, Léon Marchand (nageur quadruple médaillé d’or aux JO 2024), les frères Lebrun (pongistes médaillés de bronze aux derniers JO), Martin Fourcad (biathlète quintuple champion olympique, un frère également biathlète), Laure et Florian Manaudou (nageurs et médaillés olympiques), Jorix Daudet (médaillé olympique Paris 2024 BMX), Cassandre Beaugrand (championne olympique de triathlon, aux Jeux olympiques de Paris), Manon Apithy-Brunet (escrimeuse médaillée olympique JO2024)…
" Le sportif professionnel est généralement un salarié, principalement en CDD, pour une durée maximale de 5 ans et plus fréquemment 1 ou 2 ans. "
Sportifs professionnels et/ou de haut niveau
Le sport de haut niveau représente l’excellence sportive. Bénéficier de ce statut réglementé donne accès à des aides ministérielles (formation, insertion professionnelle, …).
Cependant, un sportif de haut niveau n’est pas forcément professionnel. Le professionnalisme est principalement lié à l’existence d’un contrat de travail avec un employeur. Le sportif professionnel est généralement un salarié, principalement en CDD, pour une durée maximale de 5 ans et plus fréquemment 1 ou 2 ans. Il concerne le plus souvent les sports collectifs. Néanmoins, selon les instances sportives, les sports collectifs et individuels peuvent entrer dans le cadre de sportifs professionnels non seulement en fonction de possible rémunération mais également selon le montant des gains et classements liés aux compétitions nationales et internationales. Concernant les Sportifs de Haut Niveau (SHN), ils étaient environ 5400 en 2023 en France et 7500 Sportifs Espoirs (SE).
" La durée de la carrière professionnelle est relativement courte, souvent inférieure à 10 ans, max 10-15 ans. Elle implique une forte mobilité sur le territoire, en Europe et reste du monde pour les grandes compétitions."
Caractéristiques des sportifs professionnels et/ou de haut niveau
Selon les disciplines, on peut convenir qu’il s’agit d’une population relativement jeune (exige la performance du corps) dont la formation a démarré très tôt. Les talents sont détectés dans leur clubs sportifs (rattachés à des fédérations), peu d’élus passent en professionnel. Bien évidemment, on doit mettre à l’honneur les qualités intrinsèques de la performance sportive telles que le dépassement de soi, la détermination, la passion, l’endurance, la résistance, la résilience, la force, la vitesse, la souplesse, la rigueur, la capacité de coordination, esprit de compétition…
La durée de la carrière professionnelle est relativement courte, souvent inférieure à 10 ans, max 10-15 ans. Elle implique une forte mobilité sur le territoire, en Europe et reste du monde pour les grandes compétitions.
La vie des sportifs est rythmée par les entrainements, la préparation et réparation du corps et du mental, l’hygiène de vie et les compétitions. C’est généralement lors de ces compétitions impliquant l’éloignement que l’ennui apparait (citons le risque d’addiction aux paris en ligne).
Les fins de carrière sont souvent liées à une blessure, fin de contrat, perte de performance, usure du corps, voire suite à un incident exogène (bashing, comportement, communication). Les conséquences de fin de carrière peuvent être désastreuses : déphasage (perte de rythme lié à l’entrainement), fin de la renommée, chute des revenus. Il est régulièrement énoncé que 40% des joueurs sont ruinés cinq ans après la fin de leur carrière sportive, 33% d’entre eux divorcent dans l’année qui suit la fin de la carrière et 38% d’entre eux sombrent dans la dépression. Difficile de savoir si ces chiffres sont toujours d’actualité.
" Si on sort de l’effet de loupe sur le foot, la réalité est que certains sportifs professionnels touchent moins de 600 € par mois (seulement 7200€/annuel), souvent en corrélation avec la faible médiatisation du sport pratiqué."
Salaires XXL , mythe ou réalité
Le sport roi
On pense évidemment aux salaires XXL de certaines superstars du foot : Kylian Mbappé touchait un peu plus de 70M€ de revenus bruts par saison au PSG, mais la réalité est tout autre pour le salaire moyen en D1 : 2960 €/mois.
Le sport collectif est sur-représenté dans les hauts salaires, notamment le football. L’inflation des salaires dans le football tient à 4 grands facteurs :
Les inégalités économiques avec une disparité dans la distribution des salaires, résultante de la domination de quelques équipes beaucoup plus riches que les autres.
L’arrivée de nouveaux profils d’investisseurs, à savoir des fonds d’investissement publics et privés, les « Sugar Daddies » souvent américains, qataris et émiratis.
La mondialisation des grands clubs et des ligues qui leur assurent des revenus commerciaux et des droits de diffusion internationaux de plus en plus conséquents.
Et enfin, les droits de retransmission eux-mêmes et la vente de produits dérivés (les ventes de maillot par exemple) avec la multiplication des plates-formes de diffusion et les nouveaux modes de consommation du football, notamment chez les jeunes générations.
Si on sort de l’effet de loupe sur le foot, la réalité est que certains sportifs professionnels touchent moins de 600 € par mois (seulement 7200€/annuel), souvent en corrélation avec la faible médiatisation du sport pratiqué. La plupart des fédérations françaises ne rétribuent pas leurs athlètes. Il n’est donc pas étonnant que des athlètes exercent une activité professionnelle en parallèle, notamment au sein du Ministère des Armées, la Police Nationale et également dans des groupes publics tels que La Poste et la SNCF. Notons au passage que près d’un tiers de nos médaillés aux JO 2024 sont des athlètes sous contrat avec l’armée française. Cette « armée de champions » inclut également David Douillet, Tony Estanguet, Alain Bernard, Martin Fourcade, …
La rémunération des femmes
Par ailleurs, l'inégalité salariale entre hommes et femmes persiste dans le sport. Elle est principalement due à la faible médiatisation de certaines disciplines féminines qui les désavantage financièrement. Le sport féminin rapporte moins d’argent que l’audience du sport masculin : moins de médiatisation signifie moins de valeur économique donc moins de sponsors, moins de partenariats marketing et merchandising. Notons que pour le football, les droits TV et le sponsoring sont principalement investis dans le genre masculin à 80%, qui s’expliquent par la faiblesse des revenus générés par le football féminin : pour les années récentes, près de 2 milliards pour les hommes contre 34 millions pour les femmes, soit un rapport de 1 à 50.
Fort heureusement, dans d’autres disciplines, il existe outre atlantique des Serena Williams (86,5 M€ en prize money/gains durant sa carrière en tennis) et Simone Biles.
Serena véritable businesswoman, sportive la mieux payée au monde (avec la japonaise Noami Osaka), elle a investi dans plus de 50 startups depuis 6 ans selon Forbes. Sa fortune personnelle serait estimée à plus de 210 millions de dollars (190M€).
La gymnaste Simon Biles, athlète d’exception, a bâti à 27 ans une fortune estimée à 22,6M€ (exceptionnel dans le monde de la gymnastique) issus des compétitions et primes, des partenariats lucratifs avec les marques, en menant une véritable stratégie de branding et a assuré sa sécurité financière sur le long terme avec des investissements stratégiques dans des secteurs diversifiés.
Simone Biles incarne le modèle de réussite dans sa discipline en ayant su transformer ses exploits sportifs en un empire financier solide.
Petite parenthèse : elle est l’une des rares athlètes à avoir reconnu l’importance de la santé mentale dans le sport (sujet tabou), se déclarant victime du phénomène connu sous le nom de «twisties», un blocage mental où les gymnastes deviennent désorientées en plein vol, la chute résultante pouvant être fatale.
En revanche nous disposons de peu de haut salaire pour le genre féminin dans l’hexagone : Amélie Mauresmo a performé à 6,8M€ en brut au top de sa carrière en tennis et 3,1M € chacune pour Laure Manaudou (natation) et Marion Bartoli (tennis) également au top de leur carrière.
Des contrats courts
Les contrats sont courts et généralement liés aux saisons. Cela peut présenter une opportunité de multiplier sa rémunération très rapidement si les performances ont été au rendez-vous. Les revenus restent néanmoins fluctuants, non récurrents et présentent de fortes amplitudes. Il faut prévoir les risques de rupture de revenus entre 2 contrats, les brutales baisses de rémunération en fin de carrière (qui arrive très vite), sans oublier les périodes de convalescence. Évidemment on pensera très tôt à planifier la reconversion professionnelle sans oublier d’équiper le sportif d’un contrat de prévoyance adapté à son statut de sportif et de le faire évoluer.
Une carrière courte
La durée de la carrière sportive amène à chercher à diversifier les sources de revenus, notamment à développer sa capacité à vendre son image (on verra dans un prochain article l’intérêt fondamental pour les carrières courtes de diversifier ses revenus à la manière d’un investisseur). Car les 2 principales valeurs exploitables financièrement sont les qualités sportives et l’exploitation de l’image qui peut faire multiplier les revenus dans de grandes proportions. Citons l’exemple des presque 6M€ de revenus de Teddy Riner estimés en 2019, alors que son salaire annuel moyen était estimé à 400K€ . Dans le monde du tennis, environ 92% des revenus de Roger Federer en 2020 (106,3M€) étaient issus de contrats publicitaires et le reste en « Prize money » (gains des tournois).
Sources de revenus diverses
En résumé, les sources de revenus sont diverses : Salarié de club sportif, cachets des compétitions, primes de performances, contrats publicitaires, contrats de diffusion, le sponsoring des enseignes, les gains sur le droit à l’image (individuel, collectif et individuel associé), retombées des réseaux sociaux…
Chacune de ces sources de revenus peut être soumise à l'impôt différemment selon la législation du pays de résidence fiscale du sportif et les accords fiscaux en vigueur si les revenus proviennent de l'étranger. La rémunération peut démarrer très jeune, voire en étant mineur et élève ou étudiant.
" Il est difficile d’avoir des repères lorsque l’on gagne en 2 ans, l’équivalent de ce que ses parents ont gagné dans toute une vie."
La sécurité financière : le challenge sportif du CGP
Au début de sa carrière, le sportif de haut niveau se focalise sur ses objectifs et laisse sa famille et agents gérer les rentrées financières. Il ne s’agit pas alors pour lui d’une priorité, mais juste une conséquence positive du succès à déléguer. Puis par confiance et habitude, il garde souvent le même entourage dont les compétences financières se distendent avec le montant des gains. Brasser de grosses sommes d’argent requiert des compétences, de l'agilité et de la technicité sans oublier la fiscalité qui s’y rapporte. Si le sportif est issu d’un milieu modeste, généralement, il n’est pas été sensibilisé à la culture financière. Il est difficile d’avoir des repères lorsque l’on gagne en 2 ans, l’équivalent de ce que ses parents ont gagné dans toute une vie. L’entourage peut se révéler être intéressé, voire toxique, c’est un aspect qu’il ne faut rapidement prendre en considération pour éviter toutes déconvenues.
Au plus haut de sa carrière, il va pouvoir engranger de très gros montants, de différentes natures et sur une période relativement courte. En faisant un parallèle entre la carrière d’un sportif et celle ne n’importe quel actif, une possible carrière sportive de 15 ans représente 1/3 de la vie active classique. L’anticipation de la reconversion prend tout son sens, en revanche considérer que la reconversion professionnelle permettra d’atteindre le même niveau de vie est plus aventureux. Par ailleurs, disposant de revenus certes conséquents mais composites et le tout à caractère aléatoire, il est difficile de projeter un patrimoine cible. N’oublions pas l’exposition aux blessures qui peut mettre un terme brutal à l’activité sportive accompagnant la fin de tous les autres contrats (publicité, sponsoring, etc.).
La première problématique à résoudre est de constituer, en un laps de temps très court, un patrimoine financier et immobilier pour que le sportif professionnel entame sa deuxième vie professionnelle confortablement. C’est là qu’intervient le conseiller en gestion de patrimoine, dont compétences devront prendre en compte les caractères spécifiques du sportif : carrière courte, nature et origine des gains (fiscalité), risque d’arrêt brutal des ressources et la psychologie sportive. Sur ce dernier point, même si les codes de communication sont différents, le CGP et le sportif ont en commun le contrôle de l’émotion, le mental d’acier, la conscience du « on gagne mais aussi on perd », des techniciens et stratèges chacun dans leur domaine.