L’évolution de la monétisation du sport n’est pas linéaire dans l’histoire, elle idéalise, cristallise ou anticipe des tournants des sociétés qui composent le monde. La valeur économique d’un sportif est directement liée à l’exposition médiatique, au nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux et les interactions obtenues. Rappelons qu’il existe deux valeurs exploitables financièrement dans le sport : les qualités sportives et l’exploitation de l’image.
Le caractère temporaire de la carrière sportive assortie de revenus conséquents impose une réflexion sur la stratégie à adopter dans la gestion de son patrimoine. La spécificité de son activité ne correspond pas aux réflexes d’investissements traditionnels par emprunt s’appuyant sur la visibilité des revenus sur l’horizon. À l’inverse on est face à la problématique de savoir comment investir des à-coups de gros revenus ou comment échapper à la pression fiscale au lieu d’utiliser des programmes de défiscalisation rapidement compromis avec des carrières à l’internationale. Nos sportifs professionnels sont énormément sollicités pour investir dans différents projets et sont la proie des malintentionnés. Ils ont pris connaissances des mésaventures de leurs ainés, il suivent les conseils et trajectoires de leur réseau de sportifs. La carrière d’un sportif l’amène vers des problématiques transnationales où le droit et la fiscalité peuvent s’avérer complexes à organiser. Comme le sportif prend des risques tout au long de sa carrière, le conseiller en gestion de patrimoine va privilégier la sécurité sur le risque, quitte à limiter le rendement.
" Le chiffre d’affaires généré par les entreprises de la filière sport représente 71 milliards d’euros en France avec 128 000 entreprises dans divers secteurs (commerce, production de biens et d’équipements, pratique et services de soutien, et production et diffusion d’évènements sportifs) le secteur économique représente 2,6% du PIB"
Le sport, une histoire d’argent
L’aurige (conducteur de char) dans l’antiquité romaine percevait déjà des gains financiers exorbitants. On citera l’aurige Dioclès qui fort de 1462 victoires termina sa carrière plus riche que l’empereur lui-même. D’après l’historien de l’antique Peter Struck, son patrimoine correspondrait à quelques 11 Milliards d’euros d’aujourd’hui. Dioclès se situerait donc loin devant Michael Jordan (basketteur), sportif américain des temps modernes, dont la fortune est estimée à 3,34 Milliards d’euros et 1er sur la marche du podium des sportifs fortunés.
Parmi les opportunités de faire fortune, pour le peu d’élus disposant de capacités supérieures dans leur domaine, le sport se révèle être véritable un ascenseur social et ce phénomène n’est pas nouveau. À l’époque des gladiateurs, où les plus talentueux jouissent d’une grande popularité, un esclave peut sortir de sa condition pour être affranchi en fonction de son mérite au combat. Cette discipline rapidement professionnalisée pour devenir technique et sportive, attire notamment des citoyens issus de conditions pauvres qui y voient (à condition de survivre aux combats), l’opportunité de s’élever dans la hiérarchie pour espérer de devenir riches, voire pour les quelques survivants de devenir notables. Dans le monde grec, les exercices physiques permettent de préparer les jeunes hommes à la guerre, on célèbre l’athlète. En revanche, sous l’empire romain, on accorde une grande place aux loisirs et aux divertissements, il s’agit avant tout de spectacles à caractère sportif qui passionnent les foules quelle que soit son appartenance sociale. Les paris sportifs se pratiquent dès la Grèce antique comme au Moyen-Âge. Dans la culture romaine, les paris sportifs connaissent une grande popularité et sont considérés comme une activité socialement acceptable ce qui n’exclut pas les pratiques de tricherie. De grosses sommes d’argent sont brassées et chacun, selon ses moyens, peut y trouver un moyen de s’enrichir ou de s’endetter jusqu’à tout perdre. Le spectacle sportif génère une économie qui va au-delà de la billetterie et de la paix sociale.
La réhabilitation des JO dans l’ère moderne, nous la devons à Pierre de Coubertin qui s’est inspiré du modèle anglais. Les anglais intégraient le sport dans la scolarité ce qui va permettre de prolonger la pratique sportive au-delà des études jusqu’à fonder un sport amateur puis professionnel. Les objectifs français sont alors multiples, recrutement militaire, santé publique et hygiène, inscrire la valeur travail et former les citoyens sur les valeurs de la république. Le sport va devenir un élément de culture et d’éducation, une éducation physique sanitaire au même titre que l'éducation intellectuelle. En parallèle, les « nouveaux jeux », qu’ils soient Interalliés ou Olympiques, deviennent un révélateur de puissance d’un état où la supériorité sportive pourrait être reliée à la supériorité militaire et économique. La presse sportive se développe et le champion devient un héros porté par toute une nation. Dans les années 60, le sport devient le support de l’éducation physique dans les écoles mais 2 notions s’opposent : l’effort et la victoire. Il faut repositionner la défaite, en reconnaissant l’effort et la participation, pour cadrer avec la notion d’apprentissage, l’esprit d’équipe et la valeur travail. Pour un sportif de haut niveau, l’essentiel est-il véritablement de participer ou de gagner ? Bien évidemment, il faut des perdants de haut niveau pour savourer sa victoire. Nous avons tous en mémoire la victoire de Teddy Riner aux JO 2024 en Judo par équipe mixte face à l’inconsolable mais honorable Japonais Tatsuru Saito.
La force que nos champions dégagent doit être récompensée, tout comme le spectacle offert, c’est tant le talent que la reconnaissance du parcours, du travail effectué à la recherche de l’excellence, le dépassement qui méritent une compensation financière à la hauteur de l’exploit, même si parfois les sommes nous paraissent déraisonnables. Mais est-ce vraiment la performance sportive qui est récompensée ou l’exploitation de l’image car c’est bien là que se situe la véritable valeur économique que véhicule le champion. Le chiffre d’affaires généré par les entreprises de la filière sport représente 71 milliards d’euros en France avec 128 000 entreprises dans divers secteurs (commerce, production de biens et d’équipements, pratique et services de soutien, et production et diffusion d’évènements sportifs) le secteur économique représente 2,6% du PIB. L’argent est concentré sur certaines disciplines : le football, le tennis, le basket, la formule 1, le golf et le baseball.
" Le sport est le reflet de la pensée idéologique d’une nation, de sa vivacité économique, de l’état de droit où l’exploit et la valeur travail sont récompensés par la reconnaissance et l’argent. Il dynamise les initiatives individuelles, renforce le pouvoir de réussite et active l’instinct de propriété. Il se présente comme un vecteur d’ascension au travers de l’effort individuel au sein d’un collectif."
Les valeurs d’une société qui s’expriment à travers l’exploitation du sport ou miroir d’un monde fracturé ?
Les valeurs du sport évoluent en même temps que les sociétés dont elles deviennent le miroir. Si le sport était ouvert aux femmes à l’époque de la Grèce antique et des romains, à partir du Moyen Âge, la pratique sportive féminine devient quasi inexistante et ce, pour des raisons globalement sexistes à nos yeux mais les mœurs étaient bien différentes. Cela va perdurer. Pierre de Coubertin s’oppose lui-même à la participation des femmes aux JO, « une olympiade femelle est impensable… », accusé de misogynie, pourtant allié de certaines féministes, ses motivations relèvent plus du patriarcat où il entent protéger la dignité des femmes s’exposant à la lubricité des spectateurs... Les JO s’ouvrent lentement aux femmes, 2% de participation pour les JO de 1912 à Stockholm, 13,2% en 1964 à Tokyo pour atteindre une parité qu’en 2024 à Paris.
La création des Jeux Paralympiques est liée à la seconde guerre mondiale et commence dans un hôpital militaire londonien. Nous sommes en 1948 au moment des JO de Londres et un neurologue cherche un moyen d’accélérer le rétablissement de ses patients paraplégiques et c’est là qu’il imagine des épreuves sportives pour leur redonner leur dignité et en faire des citoyens heureux et respectés. Il organise alors une compétition sportive à laquelle 16 vétérans de la Seconde Guerre Mondiale vont participer. Les 1er JO Paralympiques apparaitront en 1960 à Rome. Quant aux récompenses des médaillés, si la France attribue aujourd'hui le même montant aux athlètes paralympiques, toutes les nations même européennes n’ont pas la même politique, mais elles progressent en ce sens. En revanche, Taïwan et Hong-Kong versent des primes supérieures à celles versées aux vainqueurs olympiques.
Depuis 2015, sous la présidence de Thomas Bach, le CIO permet d’accueillir une équipe olympique et paralympique des Réfugiés, symbole d'espoir pour tous les réfugiés du monde entier, rapportant que le sport permet d'accomplir beaucoup de choses. L’initiative représentent plus de 120 millions de personnes déplacées de force à travers le monde en raison de guerres, de conflits, de dictatures, de violences et de violations des droits humains. La 1ere délégation de l’histoire apparaît pour chacune des équipes aux JO de Tokyo en 2016. L’objectif est de créer des délégations qui recueillent des athlètes réfugiés vivant dans leur pays et de leur apporter un soutien logistique pour l’entraînement, la préparation et la participation à des compétitions de haut niveau. La 1ère médiale olympe de l’équipe des réfugiés est décrochée aux JO 2024 par Cindy Ngamba (Camerounaise réfugiée au Royaume-Uni ) avec une médiale de bronze en boxe dans la catégorie des poids moyens chez les femmes. L’édition Paris 2024 a offert une meilleure visibilité des équipes de réfugiés.
Difficile de savoir si le destin tragique de la somalienne Samia Yusuf Omar est à l’origine de ces deux nouvelles délégations. Elle qui a participé aux Jo de Pékin de 2008 en sprint du 200 m dans des conditions de précarité (le visage émacié, équipée d’un simple t-shirt blanc et bleu clair et d’un legging noir, ainsi qu’une paire de baskets prêtées par des coureuses soudanaises), a attiré l’attention des médias. Elle termine dernière de sa série, ce qui ne l’empêche pas d’être ovationnée par la foule consciente de son incroyable parcours de combattante. On aurait pu croire alors que ce coup de projecteur allait lui ouvrir un avenir meilleur. Après avoir fui la Somalie pour l’Éthiopie pour s’entraîner, alors qu’elle a à peine 21 ans en 2012, elle meurt noyée dans une embarcation qui traverse la méditerranée. Elle souhaitait rejoindre l’Europe pour participer aux Jo de Londres de la même année. Son triste destin va être médiatisé seulement 4 mois plus tard après le fameux "Savez-vous ce qu'est devenue Samia Yusuf Omar ?" C’est ce qu’a demandé sportif Abdi Bile, lors des JO de Londres 2012 aux membres du Comité olympique somalien, incapables de répondre.
Le sport est le reflet de la pensée idéologique d’une nation, de sa vivacité économique, de l’état de droit où l’exploit et la valeur travail sont récompensés par la reconnaissance et l’argent. Il dynamise les initiatives individuelles, renforce le pouvoir de réussite et active l’instinct de propriété. Il se présente comme un vecteur d’ascension au travers de l’effort individuel au sein d’un collectif. Le ‘‘momentum psychologique positif’’ du sportif gagnant devient un accélérateur qui stimule les forces vives d’un pays, où chacun peut s’illustrer dans son domaine.
" Pour les plus fortunés, durant leur carrière, les sportifs sont amenés à brasser des sommes considérables qui pourraient couvrir les besoins de plusieurs vies et on les imagine à l’abri du besoin."
Les revers économiques de la médiale, des millionnaires prématurés
S’il existe un secteur qui s’illustre par les disparités et inégalités de rémunération c’est bien le sport comme évoqué dans le précédent article ‘’Alerte graine de champion !’’. Nous avons également tendance à croire que la réussite sportive se traduit par le succès financier. Pour les plus fortunés, durant leur carrière, les sportifs sont amenés à brasser des sommes considérables qui pourraient couvrir les besoins de plusieurs vies et on les imagine à l’abri du besoin. Dans un premier temps, on oublie que ce sont de véritables petites entreprises où plusieurs corps de métiers s’affairent à remplir leur mission et dont certains œuvrent à plein temps. Plusieurs professions sont impliquées, agent, coach, entraineur, préparateur mental, nutritionniste, agence de communication, garde du corps… mais également des experts dans les domaines du droit et de la finance tels que les comptables, juristes, fiscalistes, avocats et gestionnaires de portefeuille. Le sportif peut disposer de ces compétences par l’intermédiaire de son club, souvent pour les sports collectifs, et également par le biais de fédérations. Plus il progresse en résultats et revenus, plus il est attaché à des intérêts personnels, des rituels, des personnalités et il constitue lui-même son staff, ce qui implique des coûts importants de fonctionnement.
La carrière sportive est une période durant laquelle il délègue énormément, il est le centre de l’attention, choyé et surprotégé. Par ailleurs, le sportif peut démultiplier ses revenus en exploitant son image avec des contrats de sponsoring. Suivant les segments visés, son train de vie doit être le reflet des marques qu’il représente, sans occulter que son comportement doit être à la hauteur des valeurs portées par ces mêmes entreprises. C’est un point de compréhension important à distinguer du flambeur, un niveau de vie dispendieux peut avoir pour objectif de satisfaire des contrats lucratifs. Le sportif fortuné est pris dans une spirale où l’argent est le moteur, où il est facile de perdre ses repères. Il devient une ‘‘cash machine’’, une proie facile pour les prédateurs. Dans une vie, c’est bien lorsque l’on est jeune que l’on adopte des comportements immatures et que l’on est guidé par ses hormones. Octroyez le pouvoir financier à un jeune adulte et il trouvera là l’opportunité de satisfaire à toutes ses envies et lubies.
Entre les sportifs ruinés par les divorces, ceux qui sont trahis par leur proches, les mal-conseillés ou les mauvais gestionnaires, dans le sport de haut niveau, la gestion financière est un véritable sujet. L’étude du cabinet allemand Schips Finanz (de 2011), une référence régulièrement citée, montre que 50% des footballeurs, 60% des basketteurs de NBA et 78% des joueurs de football américain se trouvent confrontés à des sérieuses difficultés financières, voire ruinés à la fin de leur carrière. On retrouve également dans ces profils, ceux qui dilapident leur fortune dans des biens de luxe, les trop généreux avec leur entourage, les victimes d’escroquerie, de détournement de fonds, d’abus de confiance, d’arnaques en tout genre et ceux qui n’arrivent pas à redresser leur cote de popularité.
Immatures, devenus millionnaires prématurément, ils ne sont pas tous armés pour gérer une fortune.
Boris Becker, champion des tribunaux ou champion immature ?
Boris Becker (champion au tournoi de Wimbledon à 17 ans) a essuyé plusieurs revers après avoir gagné 20M € sur les courts de tennis et à peu près l’équivalent en publicité. Sa vie « amoureuse » lui a coûté une fortune. En 1999 une aventure d’un soir, alors que sa femme enceinte est à l’hôpital prise de contraction, lui coutera, la reconnaissance d’une paternité adultère à l’appui d’un test ADN, assortie d’un versement de 2M €, d’une couteuse pension, d’un appartement londonien. Peu de temps après, sa femme demande le divorce et obtient 10M de dollars ainsi qu’une luxueuse villa à Miami, un divorce qui lui coûte au total près de 25M de dollars (23M €).
Il fait également des placements hasardeux et termine criblé de dettes. Après avoir oublié de déclarer une partie de ses revenus au fisc allemand au début des années 1990, rattrapé en 2002 par la justice allemande il est condamné à de la prison avec sursis accompagné d’une amende. Mais également des déboires avec la justice espagnole pour des dettes sur des travaux dans sa villa à Majorque, puis la justice suisse pour ne pas avoir payé le pasteur qui l’avait marié et également la justice londonienne en 2017 pour des dettes, dissimulation d’avoirs, utilisation de faux passeport. Il est déclaré en faillite personnelle par le tribunal londonien et incarcéré. Il propose à la cour londonienne de revendre ses trophées mais finalement les trophées sont perdus… À la suite d'un accord avec ses administrateurs judiciaires, en 2024 la justice britannique décide de clore la procédure de faillite personnelle
Carole Merle, ruinée par son oncle notaire
La skieuse alpine quintuple championne du monde en Super G, la skieuse française la plus titrée de l'histoire dans les années 90, cumule plus de 3,5M d’euros de gains durant sa carrière, son patrimoine s’élève alors à plus de 5M d’euros (23,5M de francs à l’époque). Dès le départ, elle confie la gestion de son patrimoine puis de ses revenus à son oncle notaire, ce qui lui semble être un gage de sécurité.
Plus tard, elle découvre que son oncle a effectué de nombreux placements peu opportuns, l’a fait souscrire à des emprunts sans s’assurer de son reste à vivre, fait de la spéculation immobilière sur la Côte d’Azur via des sociétés peu solides et qu’elle est ruinée à hauteur de plus de 70 millions de francs. Sa vie de famille est impactée, jusqu’à ses parents qui s’étaient portés caution. En 1997, Elle rend public ses déboires financiers avec son oncle, d’une part pour tenter de résoudre sa situation mais également pour sensibiliser les sportifs aux risques auxquels ils s’exposent.
Björn Borg trahi par ses amis
Björn Borg, icône du tennis des années 1970 et début 1980 avec son légendaire bandeau, est l’un des premiers athlètes à comprendre que son nom est devenu une marque qui peut devenir un business très lucratif. En 1984, il engage sa reconversion en lançant une marque de sous-vêtements avec quelques amis. Il investit pas mal d’argent dans son entreprise et confie la direction à des amis. Après quelques années, la société dépose le bilan et la star du tennis, proche de la banqueroute, pointe du doigt la responsabilité de ses amis, moins gestionnaires qu’intéressés à profiter de sa notoriété pour eux-mêmes devenir riches et célèbres. Björn se fait interdire l’entrée des casinos européens et met ses trophées aux enchères quelques années plus tard.
Dans les années 90, tel un véritable tennisman, il retrouve l’énergie pour se relancer et renverse la situation : Il relance sa marque de sous-vêtements mais cette fois en faisant appel à des actionnaires sérieux. La marque est un véritable succès dans les pays scandinaves et il revend sa société en 2007 pour 13,5M d’euros. Il reste consultant de la société (cotée en bourse) ce qui lui permet de percevoir un pourcentage sur les ventes du groupe durant quelques années.
Henri Leconte, quand vouloir échapper au fisc français se termine par une arnaque
À l’époque où le finaliste de Roland-Garros, alors à la retraite réside en Suisse, il fait la connaissance d’un conseiller financier par l’entremise d’un ancien président français. Désireux de soustraire ses revenus au fisc français, Il lui confie alors tout son patrimoine au gestionnaire de fortune suisse. Le financier gère les fonds confiés depuis Genève sous couvert de sociétés offshore. En 1997, Henri Lecomte découvre que le conseiller financier est un escroc et qu’il a tout perdu. Des titres étaient déposés sur les comptes des clients sans qu'il y ait de lien avec les mouvements de fonds opérés sur ces comptes. Les détenteurs réels étaient des sociétés immatriculées dans des paradis fiscaux que gérait le financier. Le conseiller a dilapidé l'argent d'une centaine de clients, et il a été mis en examen par la justice suisse pour ''gestion déloyale''.
Bruno Bellone dupé par un conseiller véreux
En juin 1984, Bruno Bellone, footballeur international surnommé Lucky Luke est au sommet de sa gloire. En final de l’Euro, face à l’Espagne il l’inscrit le deuxième but des Bleus, scellant ainsi la victoire de l'équipe de France. Victime de blessures à répétition, une blessure à la cheville le force à mettre un terme précoce à sa carrière en 1990 alors que le butteur victorieux n’a que 28 ans : Bellone ne touche plus que les indemnités de la sécurité sociale qui suffisent à peine à payer la pension alimentaire qu'il doit verser à son ex-femme suite à son divorce.
Il s'aperçoit aussi que ses économies (5 millions de francs), confiées à un promoteur immobilier, ami de son père, conseiller véreux, ont disparu. Il se retrouve dans l'impossibilité de rembourser son crédit immobilier, sa maison est saisie, il dort dans sa voiture, s’installe chez ses parents... En 1988, le croyant au bord du suicide, Radio France annonce sa mort. Il porte plainte mais n’obtient pas gain de cause. Aujourd’hui, Bruno Bellone a repris une vie normale, il est installé au Cannet (Alpes-Maritimes), propriétaire de son appartement, il est conseiller pour la section sports à sa mairie.
Mike Tyson, poids lourd dans tous les excès
Boxeur poids lourd, Kid Dynamite ou Iron Mike, ce sportif célèbre pour sa puissance phénoménale et sa personnalité contrastée est marqué par une jeunesse difficile. Il grandi dans le ghetto de Brownsville, est abusé sexuellement à 7 ans par un inconnu, et il tombe dans la petite délinquance à 8 ans. C’est dans une maison de correction qu’il est détecté. À 19 ans il entame une carrière professionnelle et en moins d’un an sa carrière décolle. Il empoche plusieurs millions de dollars pour la diffusion TV de ses combats. À 22 ans en 1988, il atteint l’apogée de sa carrière lors d’un combat au Trump Plaza où il remporte le prix de 20 millions de dollars. En 1992, le boxeur est condamné à 6 ans de prison pour un viol d’une jeune fille dans une chambre d’hôtel à Indianapolis.
Durant ses combats, il arbore des attitudes parfois bestiales, sadiques, brutales ou voire être complètement agressif envers ses adversaires. Il avoue être cocaïnomane et révèle avoir occasionnellement consommé de la drogue avant de monter sur le ring. En 1997, il est disqualifié d’un combat après avoir mordu 2 fois son adversaire (Evander Holyfield) à l’oreille. Il est alors condamné à payer à son adversaire un amende de 3 millions de dollars et écope d’un retrait de licence professionnelle d’un an. Plusieurs années plus tard, il transforme son méfait en un succès commercial.
Après avoir gagné 300 millions de dollars durant sa carrière, alors qu’il vivait dans le luxe et l’abondance, à l’âge de 36 ans, Mike Tyson déclare en 2003 qu'il est en faillite personnelle à cause de mauvais placements et d'excès personnels. Il accuse notamment son conseiller de l’avoir arnaqué et lui réclame 5 millions de dollars pour détournement de fonds. Le boxeur américain à la personnalité tourmentée, a dilapidé sa fortune à force d'excès en tous genres (voitures de luxe, drogue, bagarre, soirées très arrosées, orgies...). Il disposerait aujourd’hui d’un capital de 3 millions de dollars issus de vente de cannabis qu’il cultive dans sa propriété (40 hectares de culture), la substance est légale en Californie. Il commercialise avec son ancien adversaire Evander Holyfield devenu depuis son ami, des bonbons à la weed (cannabis) en forme d’oreille entamée d’un petit bout, les Mike Bites, en référence au fameux combat. Mike Tyson se vante d’avoir capitalisé sur la morsure en exploitant cet évènement, avec également des photos feignant de mordre… Il évoque qu’au total « l’oreille » lui aurait rapporté quelques 30 millions de dollars.
Djokovic ou la cote d'amour
Novak Djokovic joueur de tennis Serbe, ambitieux et talentueux, a rapidement compris l’importance de travailler son image, non seulement pour rester concentré et réunir des conditions favorables à la victoire sur les courts, mais également pour l’exploiter financièrement. Un début de carrière où déjà il a soif de triomphe, où il se montre imbu de sa personne. Son père qui le soutient ne manque pas de critiquer ses adversaires. Mal-aimé, sifflé sur les courts, il répond aux provocations du public et s’inscrit comme une personne clivante s’affichant clairement antivax durant la période Covid ou clamant un message politique sur le conflit Kosovo-Serbie à la sortie d’un match. Des raquettes fracassées sur les courts, il exaspère tant le public que les arbitres par ses réclamations.
Il avoue avoir travailler autant mentalement que physiquement pour reconquérir les faveurs du public et tempérer son caractère explosif tel un John McEnroe. Ironique, il est aussi pragmatique. Face à des Nadal ou Federer au tempérament plus lisse, plébiscités pour leur fairplay, leur gentillesse, Djoko change de comportement sur les courts en tentant d’exprimer des marques d’affection, mais également en tournant des vidéos touchantes avec des enfants, ou en effectuant des donations à grands bruits pour des associations. Être bien-aimé attire les faveurs des meilleurs sponsors. La cote de popularité révélée par le nombre d’abonné sur les réseaux sociaux, fait état de désormais 15,6M de followers sur Instagram pour Djokovic qui a rattrapé Roger Federer mais reste encore loin derrière Raphael Nadal à 21,8M de followers.
" L’objectif est de ne pas créer un gouffre entre la réalité observable des revenus à un instant T et ce qui est envisageable pour l’avenir. Nous entrons dans un univers ou la gestion du risque est un élément clé."
Gestion de patrimoine des sportifs, des contraintes financières particulières
Les sportifs de haut niveau sont des profils investisseurs hétéroclites, des personnalités différentes en lien avec leur discipline, avec des besoins spécifiques inhérents à leur situation personnelle et professionnelle. Il existe 3 phases dans la vie de nos champions :
L’émancipation financière, période où ils démarrent une carrière professionnelle où ils enregistrent les premiers gros montants.
C’est généralement à ce moment qu’ils investissent dans de l’immobilier.
La planification et la consolidation, période où ils perçoivent des revenus plus conséquents et font appel à des conseillers financiers. C’est là que démarre le cycle de gestion de patrimoine, la recherche de l’évitement fiscal, la diversification des investissements, création ou augmentation de capital d’une entreprise et projet de reconversion.
La reconversion, période où ils consomment le patrimoine ou démarrent une nouvelle activité professionnelle.
Le sportif de haut niveau, un investisseur pas comme les autres
Le devoir de conseil d’un Conseiller en Gestion de Patrimoine (CGP) implique de vérifier que le support et/ou la solution préconisée est adapté aux besoins et objectifs de son client ainsi qu’à sa situation personnelle (matrimoniale et professionnelle). Ainsi le CGP propose un schéma patrimonial global qui a généralement un double objectif consistant à réduire l’assiette fiscale en cours de carrière et la constitution d’un capital générateur de revenus pour l’après carrière.
Le schéma d’une clientèle plus traditionnelle permet généralement d’envisager une stratégie qui repose sur une évolution régulière des revenus et généralement sur le territoire, elle invite aux montages classiques par endettement s’appuyant notamment, pour partie, sur des programmes immobiliers de défiscalisation (dispositifs Malraux, Monuments Historiques et Robien). Pour tout à chacun, pour construire un capital, il faut de la durée, de la régularité et de la performance de rendement. Pour le sportif professionnel, la durée est courte, la régularité est incertaine et la recherche de la performance est conditionnée par de la maturité, du discernement, le sens des affaires et bien sûr du bon conseil.
Le manque de visibilité sur les revenus
Le CGP doit prendre en compte les spécificités attachées à la carrière du sportif professionnel qui perçoit des revenus importants qui découlent non seulement de ses performances sportives et également de l’exploitation de son image : une durée de carrière courte, des contrats courts, l’évolution possible à l’international, le risque de blessure, le risque de l’état psychologique, l’exposition médiatique et le risque de déficit d’image sans oublier qu’il s’agit d’une population plus exposée au divorce et aux arnaques. Durant la carrière, la courbe des revenus réagit par à coup, enregistrant de fortes progressions avec un profil sinusoïdale et risquant de s’arrêter brutalement (blessure, blocage santé mentale, …).
Le conseiller en gestion de patrimoine du sportif de haut niveau est l’allier qui construit une stratégie en équilibre avec les risques liés à une carrière de sportif pour planifier la réussite financière durant et après sa carrière. Il doit gérer ses périodes de réussite comme ses échecs. Plus qu’un simple gestionnaire, c’est un guide : protection, éducation financière, comportement financier, gestion du risque, veille sur l’entourage. À noter que 75% des sportifs de haut niveau ne sont pas salariés.
La résidence fiscale
La résidence fiscale détermine où le sportif de haut niveau doit payer ses impôts, ce qui peut s’avérer complexe car les règles varient d’un pays à l’autre. Une personne est considérée comme résidente fiscale dans le pays où elle a sa résidence habituelle et/ou son centre d'intérêts économiques. Comme il voyage fréquemment, il peut être amené à passer peu de temps dans son pays d’origine. L’attractivité fiscale d’un pays motive souvent le choix de la résidence fiscale, ce choix doit se faire dans le respect des règles fiscales internationales pour éviter les accusations d’évasion fiscale.
Des règles fiscales spécifiques à l'industrie du sport
Les revenus d'un sportif de haut niveau proviennent de différentes sources, les salaires, les gains de tournois, les contrats de sponsoring, les primes et les droits d'image. Chacune de ces sources de revenus est soumise à l'impôt différemment selon la législation du pays de résidence fiscale et les accords fiscaux en vigueur si les revenus proviennent de l'étranger.
Il peut bénéficier de régimes fiscaux spécifiques tels que l’impatriation en cas de mobilité à l’international et le dispositif du bénéfice moyen (mécanisme qui permet d’atténuer la progressivité de l’imposition en lissant les revenus exceptionnels sur plusieurs années hors contrats publicitaires).
Pour les gains issus des compétitions dans d’autres pays, selon la réglementation du pays, l’impôt sur les revenus gagnés devra généralement être acquitté sur place. À noter qu’il existe des traités de double imposition entre pays afin de régir la répartition de la charge fiscale entre deux pays.
Les accords sur les droits à l'image (sous la forme de contrats de sponsoring, de licence permettant l’exploitation de l’image sur des produits, etc.) sont négociés individuellement entre le sportif ou son agent et la société souhaitant exploiter son image. La redevance est la rémunération versée en contrepartie de cet accord dont les modalités de paiement peuvent prendre différentes formes. Pour les revenus d’image, il est possible de les séparer des revenus liés à l’activité sportive (dont l’imposition est plus élevée) en utilisant une structure juridique de société d’exploitation de droit à l’image ou bien par exemple monétiser l'image en échange de parts de sociétés non cotées.
La mobilité à l’étranger peut inclure la nécessité de déposer des déclarations de revenus dans plusieurs juridictions. Cela implique de rester en conformité avec la réglementation des pays dans lesquels il gagne des revenus, tout en minimisant le poids des charges fiscales.
Le contrat de prévoyance
Chaque sportif représente, selon sa discipline, un risque à évaluer individuellement et à actualiser suivant l’évolution de sa valeur marchande. Les sommes à couvrir sont très élevées pour des risques d’ordinaire exclus des contrats de prévoyance prévus pour le grand public. La protection contre les aléas physiques est prioritaire pour mettre en place une stratégie patrimoniale pérenne, pour ensuite s’attacher à équilibrer le budget des sportifs. Dès lors que la prévoyance est mise en place et que l’épargne de précaution est assurée, la prudence en matière d’investissement est de mise. L’objectif est de ne pas créer un gouffre entre la réalité observable des revenus à un instant T et ce qui est envisageable pour l’avenir. Nous entrons dans un univers ou la gestion du risque est un élément clé.
La retraite
Il n’existe pas de régime spécial de retraite pour les sportifs de haut niveau et comme la carrière est courte, en moyenne 9 ans, il est crucial d’envisager au plus vite l’après carrière. Depuis 2021, Il existe néanmoins un dispositif (non rétroactif), qui permet de valider des trimestres de retraite ou de racheter des trimestres. Les trimestres hors rachat sont financés par l’État pour ceux justifiant de ressources inférieures à 75% du plafond de la Sécurité sociale. Pour les plus hauts revenus, le cycle de gestion de patrimoine à prendre en compte est de l’ordre de 6 à 10 ans.
La fin de carrière
Fin de la carrière, ‘‘la petite mort’’ dans la vie d’un sportif peut se traduire par la dépression. Le jeune retraité à seulement 30-35, ne bénéficie plus de l’adrénaline des compétitions, exit l’allégresse de la victoire, fin des voyages, il est seul, en perte de repères car la vie n’est plus rythmée par les entrainements. Les revenus chutent vertigineusement ou s’arrêtent brutalement. Le train de vie du foyer est ébranlé, le sportif est désœuvré, il devient un poids pour le conjoint, le divorce devient un sujet.
La faillite financière personnelle du sportif, qui intervient durant les 5 années qui suivent la retraite, est un aléa sournois qu’il faut anticiper. Trop souvent focalisé sur ses performances sportives, même en ayant anticiper un capital suffisant, il a tendance à déléguer totalement la partie financière et à ne pas être en capacité d’être autonome sur la gestion de ses finances le moment venu.
Une population exposée au risque de divorce
Le conseiller va renforcer le discours de l’avocat en alertant sur les risques qui peuvent faire basculer financièrement son client. Plus la notoriété d’une célébrité est forte, plus elle est exposée à des risques judiciaires et financiers. C’est la raison pour laquelle, l’avocat proposera la mise en place de protocoles, contrats de confidentialité ou de consentement qui font suite aux affaires MeToo. Le sportif est jeune, il est dopé à l’adrénaline, il aime faire la fête et est souvent en déplacement. Des conditions qui l’exposent à des aventures d’un soir qui retentissement rapidement dans la presse. Désormais plus que la société, ce sont les clubs ou sponsors qui exigent de leurs sportifs une attitude exemplaire, ainsi que bien évidemment l’épouse. Par ailleurs, les mœurs évoluant différemment selon les pays, la relation sexuelle peut s’apparenter à un viol si la relation n’a été explicitement consentie au préalable.
Sans nécessairement passer par un motif adultère, les sportifs sont une population particulièrement exposée au divorce : l’éloignement, la disponibilité affective, les problèmes financiers, la fin de carrière sont autant d’éléments déclencheurs. Les sommes en jeu sont conséquentes et le verrouillage avec un contrat de mariage n’est pas toujours suffisant. Les carrières sportives amènent à l’international et le sportif peut temporairement s’installer dans un autre pays. Même si le contrat matrimonial a été contracté en France, mais que le divorce a lieu dans un autre pays, alors ce qui était contractuel ne sera pas automatiquement appliqué et respecté car deux systèmes juridiques peuvent s’opposer. Par ailleurs, le contrat de mariage ne couvre que la division des biens et non le montant de l’éventuelle prestation compensatoire.
Prenons l’exemple de l’Angleterre, il n’existe pas de système de régimes matrimoniaux, mais une approche discrétionnaire où les biens sont redistribués équitablement au moment du divorce, le système anglais est conçu pour encourager les accords amiables. Depuis 2022, il n'existe qu'un seul motif de divorce : la rupture irrémédiable du mariage, où il n’est plus nécessaire de blâmer l’autre et d’apporter des preuves. Si le divorce a lieu en Angleterre, la procédure se déroulera en anglais, il faut donc pouvoir s’appuyer sur des documents en anglais. Pour que le contrat prénuptial soit respecté par le tribunal, au préalable, il aura dû être également rédigé en anglais et des formalités auront été accomplies pour que le contrat anglais soit enregistré dans le livret de famille.
" Les clubs spéculent sur leur portefeuille de joueurs, qui sont considérés comme des actifs à valoriser pour en tirer profit (billetterie, droits de diffusion, goodies,…) sur lesquels ils vont chercher à réaliser une plus-value en les repositionnant sur le marché."
Évolution de carrière à l’internationale guidée par l’attractivité fiscale ?
En 2023, les clubs de football ont dépensé un total record de 12,42 Milliards d’euros pour les transferts. Année record marquée par l’arrivée du fonds d’investissement souverain Saoudien qui se traduit par plusieurs contrats avec les plus grandes stars du football (le pays poursuit sa quête d’influence par le sport pour son plan de diversification de l’économie locale). Le Mercato permet aux joueurs de dynamiser leur carrière pour négocier un nouveau contrat et de passer un gap dans leur rémunération. L’équipe acheteuse paye une indemnité au club sortant pour libérer le joueur. L’indemnité peut être complétée par de futurs bonus en fonction de la réalisation d’objectifs.
Ces dernières années, Les droits de diffusion, les contrats de sponsoring et les fonds étrangers ont explosé permettant aux clubs de disposer de capacités financières conséquentes. Les clubs spéculent sur leur portefeuille de joueurs, qui sont considérés comme des actifs à valoriser pour en tirer profit (billetterie, droits de diffusion, goodies,…) sur lesquels ils vont chercher à réaliser une plus-value en les repositionnant sur le marché. Tous les clubs ne disposant de capacités financières suffisantes pour rivaliser avec la rémunération proposée par d’autres clubs, des ‘‘packages advantages’’ sont des leviers pour le recrutement.
Pour les hauts revenus dans le football, la fiscalité est un sujet sensible.
En retenant 5 pays actifs dans le Mercato pour une rémunération brute de 1 million d’euros (au janvier 2024), pour les cotisations sociales patronales et salariées, sur un classement partant du plus élevé, nous avons le France, Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne (les écarts sont très significatifs). En ce qui concerne la part sur l’impôt sur le revenu, l’Espagne largement en tête, ensuite l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne sont globalement au même niveau puis arrive la France.
Au final la rémunération nette d’impôt positionne la France en intermédiaire pour le salarié mais avec un coût bien plus élevé pour le club, positionnant incontestablement la France en haut du podium pour le coût global.
Salarié gagnant : Italie
Employeur ‘‘gagnant’’ : Espagne puis l’Allemagne
Salarié perdant : Espagne environ -8% en net par rapport au gagnant
Employeur perdant : France largement en tête +25% à supporter par rapport au gagnant
En reprenant l’exercice avec une rémunération brute de 100 000 € le salarié français est celui qui percevra la rémunération la plus basse avec le coût nettement le plus élevé pour l’employeur.
Salarié gagnant : Royaume-Uni
Employeur ‘‘gagnant’’ : Allemagne avec le Royaume-Uni et l’Espagne
Salarié perdant : France -21% en net par rapport au gagnant
Employeur perdant : France très largement en tête + 26% à supporter par rapport au gagnant
L'impatriation, un levier fiscal pour attirer les talents à hauts revenus
L’impatriation est un argument qui remet en perspective la rémunération nette du joueur de football. La durée pour bénéficier de l’impatriation est variable selon les pays, de 2 à 9 ans, mais la durée moyenne des contrats avec les club est inférieure à 5 ans. Au fil des dispositifs mis en place par les pays, les clubs sont mis en concurrence également par une fiscalité plus attractive.
L’impatriation est un régime fiscal qui a pour objectif d’attirer des hauts revenus étrangers à venir exercer leur activité sur un territoire. L’impatriation concerne un travailleur en mobilité qui doit avoir été fiscalement domicilié hors du pays d’accueil pendant les x années (variable selon les pays) qui précèdent son arrivée. Un impatrié peut également être un ancien expatrié qui revient dans son pays d’origine. C’est un régime fiscal spécifique temporaire qui permet à l’impatrié d’exonérer certains éléments de sa rémunération de l’impôt sur le revenu ainsi que sur les revenus de capitaux mobiliers.
En France, le dispositif de l'impatriation a été instauré en 2008 pour permettre d’accroitre l’attractivité du territoire pour les talents étrangers et vise notamment des contribuables fortunés. Il propose, pour 9 ans, un cadre favorable au titre de impôt sur le revenu et les revenus du patrimoine.
En Italie, ce dispositif datant de 2020 (le ‘‘Decreto Crescita’’) permettait aux sportifs étrangers de ne déclarer que 50% de leur revenus pendant 2 ans. Le ‘‘Décret de Croissance’’ italien a été supprimé par le gouvernement Meloni le 1er janvier 2024.
Le dispositif espagnol instauré en 2003, la ‘‘Loi Beckham’’ du même nom que le joueur, permet pendant 5 ans d’appliquer un taux d’imposition forfaitaire de 24% jusqu’à 600 000 euros sur les revenus perçus en Espagne, au-delà le taux passe à un taux fixe de 47%. Les revenus étrangers ne sont pas imposés. L’impôt sur la fortune n’est prélevé que sur la valeur nette des actifs se trouvant sur le territoire (exemption de 700 000 €).
Pour le ‘‘Remittance Basis’’ en Angleterre datant de 2009, les impatriés sont imposés que sur revenus et plus-values de sources britanniques et pour les revenus de source étrangère seulement si les capitaux y sont rapatriés (à 12%). Ce dispositif de ‘‘Non-Dom’’ pour désigner le statut de non domicilié, est en cours de réforme par les travaillistes (Labour party) pour être remplacé par le ‘‘Foreign Income and Gain’’ en 2025 qui prévoit de ne pas imposer leurs revenus de source étrangère, peu importe qu’ils soient ou non transférés au Royaume-Uni.
Il n’existe pas de régime d’impatrié en Allemagne.
Pourquoi les joueurs de foot se sont installés en Angleterre
Principalement en raison des salaires et pour le prestige. Les clubs anglais bénéficient de revenus sportifs et extra sportifs conséquents. D’un point de vue historique et culturel, à la fin du 19ième siècle, le football professionnel est dirigé par des grands patrons industriels basés dans le nord de l’Angleterre et ils rémunèrent leurs joueurs de la même manière qu’ils le feraient pour des ingénieurs. Par ailleurs, il est à noter que les anglais ont joué un rôle prépondérant dans la diffusion de ce sport par l’intermédiaire des ouvriers déployés dans le monde entier. Le premier club de football à avoir été côté en Bourse est Tottenham en 1983, ce qui lui permet d’ouvrir son capital pour collecter des fonds. À partir des années 1990, des hommes d’affaires étrangers rachètent les principaux clubs du Royaume-Uni, la fédération nationale est privatisée et devient la Premier League.
Avant le Brexit (2021), le Royaume-Uni bénéficiait de l’arrêt Bosman de 1995 qui permettait la libre-circulation des joueurs au sein de la Communauté européenne. Désormais, les clubs anglais sont limités dans leurs recrutements : limités à 3 joueurs étrangers de -21 ans par transfert pour 6 par saison et l’interdiction de recruter un joueur de -18 ans. L’objectif est de favoriser le recrutement des joueurs locaux pour améliorer les équipes nationales et que le foot anglais soit victorieux pour les grandes compétitions. Si les conditions d’obtention se resserrent, néanmoins le budget alloué aux meilleurs joueurs étrangers se concentre sur une acquisition plus restreinte. Les clubs anglais restent très attractifs avec le niveau de rémunération offert aux grandes stars. Pour exemple, la Premier League conserve la première place de ligue la plus lucrative et médiatisée au monde. Effet négatif du point de vue de la France, les transactions de joueurs avec l’Angleterre perdent en dynamique et fragilisent l’économie liée aux transferts. Les clubs français étaient les grands pourvoyeurs historiques de jeunes joueurs pour les clubs outre-manche. À l’instar d’un Paul Pogba recruté à 16 ans au club du Havre pour intégrer Manchester United, le R.U. offrait de meilleures perspectives financières et professionnalisait véritablement pour ouvrir une carrière à internationale.
Pour ce qui concerne la fiscalité, le taux d'imposition en Angleterre est similaire à ce qui se pratique en Europe occidentale, avec un taux allant de 0 à 45% sur 3 tranches. Chaque contribuable est imposé individuellement et non par foyer fiscal. En revanche, les charges sociales (et pour l’employeur et le salarié) sont inférieures à celles pratiquées en France, l’écart est significatif comparé à nos premières tranches. L’impôt sur les plus-values mobilières sont plafonnées à 20%, dans certains cas il peut être réduit à 10% voire être nul. Le R.U. avec des taux d’imposition plus bas vise sur l’incitation à l’investissement et à l’entreprenariat.
Pourquoi les joueurs de tennis s'installent en Suisse
Après sa victoire au tournois de Roland Garros en 1983, Yannick Noah redonne une impulsion au tennis français, une nouvelle génération de joueurs professionnels arrive. C’est après la victoire de la coupe Davis de 1991, que s’entame la migration de nos meilleurs joueurs de tennis vers la Suisse. Yannick Noah, Henry Leconte, Guy Forget, Cédric Pioline et la quasi toute la nouvelle génération suit avec Wilfried Tsonga, Gaël Monfils,… La liste est longue, près de 80% de notre élite à la raquette s’est installée sur le territoire helvétique et comme si une tradition s'était instaurée, la génération suivante, elle aussi, poursuit cet exil.
La polémique sur l’échappement fiscal des joueurs français est un sujet récurrent qui désormais est assumé par nos joueurs français, ils reconnaissent tous bien volontiers que le choix est motivé pour des raisons fiscales. S’ajoute à la fiscalité, l’accès à d’excellentes structures sur toutes les surfaces de jeux, à un vivier de compétences et de services de grande qualité autour du tennis, à des partenaires de haut niveau pour l’entrainement, un cadre de vie magnifique et paisible tout en restant à proximité de la France.
La Suisse est un état fédéral, il existe des disparités fiscales en fonction du canton de résidence. Les sportifs français bénéficient d’un régime forfaitaire qui est dédié aux contribuables étrangers aisés. Nos sportifs français sont pour l’essentiel regroupés dans le Canton de Genève. Le forfait fiscal du contribuable est négocié avec l’administration genevoise, le calcul est indexé sur ses dépenses et son train de vie. Les revenus perçus hors territoire ne sont pas pris en considération à la condition qu’ils n’influent pas sur les éléments de train de vie. Tous les 2 ans, le sportif échange avec l’administration locale pour déterminer le calcul de son nouvel impôt ce qui lui assure une bonne visibilité sur ses charges. Le joueur professionnel doit respecter un temps de présence sur le territoire et n’a pas le droit d’exercer d’activité lucrative sur le sol helvétique. C’est la raison pour laquelle, les joueurs français participent très rarement aux tournois suisses, ou s’ils le font, ils reversent leurs gains à des associations.
Le défi pour le CGP : Construire un patrimoine financier et immobilier en un temps record
Lorsque le sportif est au contact de clubs fortunés, axés sur la spéculation, la culture interne de la structure croise les codes de la finance avec ceux du sport. Le sportif est alors plus réceptif au monde financier et montre de l’appétence pour des investissements plus modernes tels que les fonds d’investissement, le capital-risque et les cryptomonnaies. Il est au contact de stars fortunées auprès desquelles il prend modèle non seulement d’un point vue sportif mais également financier. Il va aspirer à faire le même type d’investissement en effet miroir de la réussite. Il faut trouver un point d’équilibre entre ses ambitions, son potentiel économique et son profil investisseur, modérer son appétit.
D’ailleurs certains cabinets en gestion de patrimoine spécialisés dans des disciplines sportives collectives recrutent des jeunes retraités sportifs en tant que conseiller. Ces anciens sportifs deviennent des ambassadeurs de ces cabinets. Ils permettent d’établir rapidement une relation de confiance avec leurs homologues en activité avec lesquels ils partagent des valeurs communes. Ils ont la capacité à évaluer leur potentiel sportif et à comprendre leurs besoins spécifiques.
Les revenus du sportif de haut niveau lui ouvrent les portes des banques d’affaires et donc l’accès à des produits d’investissement haut de gamme. Les plus hauts revenus ont généralement recours au family office. Le conseiller en gestion de patrimoine va chercher à rééquilibrer la répartition des actifs et à étudier différents véhicules d’investissement. Les propositions dépendront de sa situation personnelle, de son appétence au risque. Néanmoins les circonstances uniques inhérentes à sa carrière de sportif vont nécessiter une stratégie axée sur sa protection car le risque reste un élément prédominant dans ce qui le définit par son activité.
Une population jeune plus encline à prendre des risques, des tempérament de gagneurs qu’il faut souvent modérer dans la gestion de leurs finances et de leurs investissements. Un large spectre de disciplines qui s’accompagne de caractères différents avec des profils investisseurs qu’il faut réaligner sur les conséquences à assumer le risque de perte de capital avant le désir de performance .
Nos champions sont avant tout des hommes et des femmes qui nous fascinent par leur capacité à performer et nous émeuvent par leurs histoires personnelles. Le travail du CGP est de les protéger financièrement et de leur assurer une retraite sportive sereine pour qu’ils aient les moyens de s’épanouir dans leur deuxième vie. Ce travail est guidé par la prise en compte de la spécificité de leur activité professionnelle et la gestion particulière du risque, une stratégie à accomplir en un temps record.